Dans les filières viande et lait, le maillon initial est représenté par les éleveuses et éleveurs de bovins, ovins, caprins et équins qui œuvrent dans 250 000 fermes. Ces exploitations aux formes très diverses et atomisées sur le territoire sont dirigées par des éleveurs de mieux en mieux formés, qui ont vu leur métier se transformer et se professionnaliser.
Aujourd’hui, ils ont les mêmes aspirations que les autres catégories socioprofessionnelles en termes de qualité de vie et de reconnaissance sociétale. Ils cherchent des solutions pour réduire l’astreinte liée à leurs animaux, la pénibilité au travail et luttent pour maintenir des niveaux de revenus convenables.
Un contexte de travail profondément modifié
Le travail en France a été marqué par de profondes évolutions : apparition des congés payés, diminution de sa durée hebdomadaire, gains de productivité, changement de métier au cours de la vie professionnelle. Le monde de l’élevage fait face lui aussi à d’importantes recompositions. Certes, le métier d’éleveur relève toujours du statut d’indépendant mais la distance s’agrandit entre famille et exploitation. La période où le couple partageait la plupart des tâches quotidiennes (traite, alimentation des animaux, travaux des champs...) laisse place à de nouveaux modes d’organisation.
Les gains de productivité du travail réalisés par des éleveurs de moins en moins nombreux ont été considérables (jusqu’à 50 % depuis 10 ans selon les systèmes). Sur la même décennie, la taille des troupeaux est passée à 50 vaches en moyenne, augmentant de 38 % en vaches laitières et de 31% en vaches allaitantes afin de maintenir tant bien que mal un revenu convenable. Cette progression s’est accompagnée de progrès techniques et de la mobilisation d’un capital toujours plus important (cheptel, bâtiment et matériel).
Aujourd’hui, sur les 250 000 élevages avec au moins un herbivore et des formes très diverses (activité productive commerciale, loisir, autoconsommation, entretien de patrimoine foncier..), il y a 199 000 exploitations avec une activité d’élevage significative. Les « élevages bovins spécialisés » regroupent 76 000 élevages laitiers et 56 900 élevages allaitants de plus de 20 vaches. Ces derniers représentent la moitié des détenteurs et 80 % du cheptel. Hormis ceux qui recherchent un complément d’activité ou de retraite, les éleveurs sont rarement à temps partiel (sauf dans certaines zones touristiques ou zones « traditionnellement » double-actives comme la Lorraine).
Ils cherchent, dans des formes sociétaires (GAEC, EARL) ou dans l’emploi de salarié, des solutions pour améliorer leurs conditions de travail et dégager du temps pour d’autres activités (sociales, familiales..). Malgré la tendance à la spécialisation, les compétences et tâches des éleveurs restent très variées et complexes. Preuve en est la diversité des structures qui les conseillent et accompagnent : chambres d’agriculture, coopératives, vétérinaires, contrôle laitier ou de performance, centres de gestion, syndicats de défense de la profession... Le niveau de formation des jeunes chefs d’exploitation continue d’ailleurs d’augmenter, devenant même supérieur à celui de l’ensemble de la population active du même âge.
Note : Les illustrations, cartes et textes sont issus de L'Atlas de l'élevage herbivore en France aux Éditions Autrement. Ces éléments ne peuvent être utilisés pour un usage autre que personnel.
- De l’animal à la viande, un ensemble de métiers
- Des abattoirs au cœur des zones de production
- Une consommation de viande de boucherie en baisse
- Une évolution des modes de consommation et de distribution
- Valoriser toute la carcasse
- Collecte et transformation du lait en France
- Les veaux de boucherie, produit des élevages laitiers
- Éleveur : un métier aux compétences multiples
- Renouveler les générations d’éleveurs : un défi
- Des coproduits d’abattoir recyclés et valorisés
- Redonner de la valeur au cuir et à la laine
- Une création d’emploi et de richesse dans les territoires
- Exemple de l’abattoir de Cherré et de la vitalité résidentielle induite