L’Atlas de l’élevage herbivore détaille les contributions de cette activité en matière d’alimentation (viande, lait), d’environnement, de vitalité rurale et de patrimoine, et remet en question quelques idées reçues, en une centaine de pages richement illustrées.
L’élevage et les produits animaux sont partie prenante de quelques-uns des grands défis que doivent relever la France et le monde d’aujourd’hui : nourrir la planète, maintenir la biodiversité, préserver l’environnement ou encore développer la croissance et l’emploi. Sur chacun de ces thèmes, l’Atlas de l’élevage herbivore tient la gageure d’analyser la responsabilité et la contribution spécifiques de l’élevage et de la viande, souvent jugés sévèrement sur la base de simplifications. Or sur toutes ces questions, « rien n’est purement positif, ni non plus purement négatif ; tout est affaire de contexte, de proportions et d’interrelations », rappelle le collectif de scientifiques qui a rédigé l’Atlas.
La production de viande remise en perspective
Tout au long des six chapitres du livre, chaque donnée est resituée dans son contexte. Concernant la consommation de viande bovine et ovine, parfois jugée excessive, les auteurs rappellent qu’à l’échelle mondiale, l’élevage représente 25% des apports en protéines animales. La viande d’herbivores (viandes bovine, ovine, équine et caprine) représente une part encore moindre : de 3% en Asie à 17% en Océanie. De même, à propos des systèmes de production, les auteurs relèvent que les élevages mixtes (combinant culture, prairies et élevages) constituent la grande majorité des systèmes de production de viande dans le monde (66% pour la viande bovine et les caprins et ovins), devant le pastoralisme ; et très loin devant les systèmes d’élevage industriels (respectivement 10% et 2%).
Les chiffres de l’élevage passés au crible
Certains chiffres couramment utilisés dans les débats sont également passés au crible de l’analyse scientifique. Le chiffre de 15 000 litres d’eau qui serait nécessaire pour produire un kilo de viande « est en réalité constitué à 93% des quantités d’eau de pluie évaporées par les surfaces de fourrage et de prairies » qui existent avec ou sans élevage. Si l’on prend en compte les prélèvements réels d’eau et leur impact, « la production d’un kilo de viande en France nécessiterait autour de 50 litres d’eau ». A propos des gaz à effet de serre, auquel l’élevage de ruminants et la viande rouge sont fréquemment associés, l’Atlas rappelle l’importance du stockage de carbone par les sols des prairies, « qui compensent au moins un tiers des émissions de ces élevages », mais qui n’est pas encore pris en compte dans le bilan carbone.
Au-delà de la viande, les divers apports de l’élevage herbivore
Sur chaque sujet, l’Atlas fait ressortir la multiplicité des impacts et des services rendus par l’élevage et la viande, chacun ne pouvant être jugé séparément des autres. D’un point de vue économique, l’élevage et la transformation des herbivores ne servent pas seulement à fournir de la viande ou du lait, mais également une gamme très diverse de produits : du cuir ou de la laine, des aliments pour animaux de compagnie à la savonnerie, la tannerie, la fabrication d’engrais et jusqu’au biofuel. De même, en matière d’environnement, « les paysages d’élevages diversifiés participent à la fourniture de services environnementaux comme la préservation de la qualité de l’eau, de l’air et des sols ». Ces mêmes paysages participent grandement à l’attractivité touristique et résidentielle des zones rurales françaises.
Fort d’une centaine de cartes, d’illustrations et de graphiques, l’Atlas de l’élevage herbivore fait ainsi une œuvre salutaire de pédagogie sur les modes de production de la viande, leur complémentarité et les services rendus par l’élevage sur les territoires. Il contribue également à renouer le dialogue entre les filières et une société de plus en plus urbaine et éloignée des réalités du monde agricole.