Fertilité des sols et déjections animales

Bénéfices des fertilisants organiques

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L’élevage produit du lait, de la viande… et des engrais ! Comme le rappelle un proverbe anglais « La richesse amassée est un fumier puant ; la richesse répandue est un engrais fertile. » L’épandage des fumiers (bouse et urine avec paille) et lisiers (bouses et urines seuls) et leur décomposition ultérieure par les micro-organismes du sol permettent de recycler sur place les déjections des troupeaux et de renouveler la fertilité du sol.

La matière organique est traditionnellement importante dans les zones d´élevage grâce aux apports réguliers d´effluents organiques et aux surfaces en prairies, comme dans le Grand-Ouest ou le Massif central avec des taux moyens de 1,5 à 10 % de matière organique, bien supérieurs à ceux des zones sans élevage. Progressivement intégrés dans les horizons supérieurs du sol, les effluents améliorent la structure du sol.

Un taux de matière organique élevé confère en effet aux sols une très grande stabilité limitant les risques d’érosion et lui permettant de retenir l’eau à la manière d’une éponge. Par un processus de minéralisation, les déjections se décomposent en libérant des éléments nutritifs tels que l’azote, le phosphore, le soufre, le potassium qui alimentent les cultures.

Les engrais de ferme permettent d’éviter en France la production industrielle de 660 000 tonnes d’azote minéral, 500 000 tonnes de phosphate et 1,6 millions de tonnes de potasse, ce qui correspond à une économie de 1,2 millions de tonnes équivalent pétrole et 4,5 millions de tonnes équivalent CO2. Cela représente une économie de 40 % des émissions liées à la fabrication des engrais minéraux.  La valorisation des fumures organiques permet donc de maintenir la fertilité du sol en limitant les coûts pour l’éleveur et en protégeant l’environnement.      

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Fertilisation des sols par les déjetions animales

Une utilisation des engrais organiques très réglementée

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Pour éviter les excédents, la quantité d’effluents d’élevage épandue doit correspondre aux besoins agronomiques des plantes, c’est-à-dire couvrir leurs besoins en nutriments comme l’azote ou le phosphore pour une croissance satisfaisante. Par le passé, un surplus de fertilisation organique et minérale dans certaines zones où l’élevage est très présent a entraîné une pollution des cours d’eau et des nappes phréatiques, essentiellement par les nitrates.

Depuis 1991, la directive « nitrates » européenne a fixé un certain nombre de principes : stocker les fumiers et lisiers collectés à l’étable pendant la saison hivernale de manière à éviter tout écoulement vers l’environnement, et les épandre à la bonne dose au printemps (ou parfois à l’automne) avant les semis, c’est-à-dire quand les plantes en ont besoin. Des distances d’épandage doivent aussi être respectées par rapport aux habitations ou aux cours d’eau et les eaux de pluies ne doivent pas se mélanger aux jus de fumiers ou aux lisiers.

Les épandages sont réalisés selon un plan de fumure et recensés dans un carnet qui est soumis à des contrôles réguliers de l’administration. Dans les zones désignées comme vulnérables (zones où la qualité de l’eau s’est dégradée ces dernières années), les pratiques sont encore plus encadrées (bandes enherbées, couvertures des sols en hiver…).  Dans les exploitations d’élevage, la meilleure valorisation des fumiers et lisiers a permis de diminuer de 20 % en 20 ans l’utilisation d’engrais minéraux.

Les abattoirs possèdent aussi un plan d’épandage sur les terres agricoles alentours de manière à recycler les fumiers et lisiers des bouveries (étables) ainsi que les matières stercoraires (contenu des panses et intestins récupérés après abattage).

Complémentarité élevage - cultures

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D’après le dernier recensement agricole (2010), 92 % des exploitations avec herbivores n’exportent aucun effluent : cela signifie qu’elles valorisent tous les fumiers et lisiers sur leurs propres sols. Les 8 % d’élevages qui ont plus de fumier et lisier que de surfaces nécessaires les épandent en dehors des surfaces de l’exploitation, en général dans des exploitations voisines.

Cet apport de matière organique peut bénéficier aux céréaliers qui n’ont pas d’élevage mais qui sont en recherche d’engrais organique pour maintenir la fertilité et la qualité de leurs sols. En retour, ils fournissent de la paille voire des surfaces en herbe qu’ils ne valorisent pas. Ces échanges « paille-fumier » et complémentarités entre élevages et cultures - y compris à l’échelle d’un territoire - sont bénéfiques pour la fertilité des sols et pour l’environnement.

Ils peuvent être poussés bien au-delà dans les territoires céréaliers par la mise en place de rotations plus longues intégrant des légumineuses comme la luzerne qui captent l’azote de l’air et fertilisent les sols - et la pratique des intercultures (espèces semées entre deux cultures de rente pour couvrir le sol nu). Ces légumineuses et intercultures peuvent ensuite être valorisées en alimentation animale comme fourrage ou enfouies dans le sol pour servir d’« engrais verts ».

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Note : Les illustrations, cartes et textes sont issus de L'Atlas de l'élevage herbivore en France aux Éditions Autrement. Ces éléments ne peuvent être utilisés pour un usage autre que personnel.