La filière de la méthanisation en France et en Europe

Grâce aux installations de méthanisation (ou méthaniseurs), les élevages, laiteries et abattoirs peuvent également valoriser les déjections, déchets et autres résidus organiques en biogaz. Celui-ci peut être utilisé directement sur l’exploitation via une combustion dans une chaudière ou servir à produire de l’électricité et de la chaleur (par cogénération). L’électricité alors produite est revendue à EDF pour rejoindre le réseau national, tout comme le photovoltaïque. Le contrat de rachat s’établit sur une période de 15 ans avec un tarif variable selon la puissance et l’efficacité énergétique. La chaleur peut trouver une voie de valorisation dans les habitations ou installations communales voisines. 

Depuis 2012, le biogaz peut aussi être converti en biométhane – après une étape d’épuration – pour être injecté dans le réseau de gaz naturel. Il peut aussi servir de biocarburant pour les véhicules GNV (gaz naturel véhicule). Le digestat qui subsiste à la fin du process constitue un engrais de qualité. La méthanisation présente un vrai potentiel de développement, du fait d’un grand nombre de substrats valorisables, mais se heurte à des freins techniques et financiers : l’investissement de départ est important et il faut garantir un apport régulier de biomasse en quantité et qualité au méthaniseur.

Horizon 2020

Fin 2012, 90 unités de méthanisation étaient en fonctionnement dans des exploitations d’élevage, mais seulement 28 en bovins lait et 6 en bovins viande. L’objectif gouvernemental affiché en 2013 par le plan Énergie Méthanisation Autonomie Azote (EMMA) est de 1000 méthaniseurs en 2020, appuyé par la loi de transition énergétique votée en 2014. Ce développement répond à un objectif européen de 23 % d’énergie renouvelable dans la consommation finale pour 2020. Pour le réussir, les différents gouvernements français ont mis en place plusieurs mesures de soutien depuis 2006, dont la principale reste l’obligation d’achat de l’électricité produite avec des tarifs fixés sur plusieurs années et spécifiques pour chaque filière (biomasse, photovoltaïque, etc.). Pour comparaison, l’essor de la méthanisation en Allemagne s’explique par des soutiens mis en place depuis 2000, des prix de rachat plus intéressants et l’incitation financière à l’utilisation de cultures énergétiques, comme le maïs ensilage. Ce fort développement de la méthanisation a généré une forte augmentation du prix du foncier et une concurrence avec l’alimentation animale. 

^{Note : Les illustrations, cartes et textes sont issus de L'Atlas de l'élevage herbivore en France aux Éditions Autrement. Ces éléments ne peuvent être utilisés pour un usage autre que personnel.}