Pour certains, le burger est synonyme de malbouffe, pour d’autres, il s’apparente à une religion. Les auteurs de ce livre étonnant appartiendraient plutôt à la seconde catégorie, avec une option burgermaniaque revendiquée.
Il n’est qu’à regarder la couverture pour, déjà, s’apercevoir du soin qu’ils apportent à l’objet de leur adoration - LE BURGER - à qui ils vouent un culte fétichiste tendance glouton-gourmet.
L’icône à leurs yeux apparaît sous forme d’un cornet à glace, où le cheddar a remplacé la vanille, c’est dire combien la révélation prend ici les traits et l’aspect d’un objet autant de convoitise que de gourmandise.
A la genèse de cette aventure peu commune, deux garçons, deux designers graphiques, Thomas et Quentin, qui décident de remplacer les sandwiches insipides de leur déjeuner par une quête du burger introuvable. Ils passent alors aux actes dans leur cuisine et se lancent un défi quotidien : inventer, non pas le burger du 3ème type, mais le burger qui n’existe pas.
Avec un talent artistique évident, décuplé par leur appétit régénéré par cette faim de nouveauté, ils partent en terre inconnue et se mettent à inventer des burgers extra-ordinaires, voire même XXL, au sens où il faut entendre, et goûter, ce qui sort des sentiers battus. Et rien ne les arrête dans cette quête, si ce n’est le rituel.
Car leur mission (quasi) impossible qu’ils se sont fixés est la suivante : « 1h30 pour trouver une idée, faire les courses, cuisiner et digérer. »
Cette envie purement égoïste devient très vite un projet qui se transforme en un site (fatandfuriousburger.com) et désormais un livre, suprême consécration.
Et quel livre ! Des créations autant visuelles que culinaires. Réalisation un brin gore, comme dans le « Bloody burger », légendaire avec « Excaliburger », sensuelle avec « Canicule burger » (la couverture), festive avec le « Merry Cheesemas », exotique avec le « Piña burger », ludique avec le « Halloween Brrrger », métaphysique avec le « New Delice burger », philosophique avec les « Yin et Yang burgers », politico-social avec le « Burger pour tous » ou addictive avec « Vega$ burger », pour accro du jeu.
C’est même tellement un jeu que les auteurs s’amusent à tous les niveaux de lecture, dans la mise en scène, toujours poussée grâce à un souci réaliste du détail, dans la rédaction au style direct avec tutoiement de rigueur et un humour potache qui se lit dans les titres « ça met du burger dans les épinards », et dans le nom des 60 recettes qui composent l’ouvrage.
Classés selon les affinités, « pour les gosiers kamikazes », « pour les foies audacieux qui n’ont pas peur au ventre », au gré des épices et des humeurs, ces burgers qui décoiffent devraient affoler les papilles de bien des jeunes, et moins jeunes, amateurs du bun (petit pain rond) enrobé.
Comme ils disent « Let the bun shine », le livre est un credo qui fait l’éloge du burger dans toutes les positions, sous toutes les latitudes, avec toutes les langues.
Gageons que cet ouvrage n’est que le premier et qu’ils ne s’arrêteront pas en si bon chemin. Lequel est pavé (de bœuf) et de bonnes intentions. La leur est plus que louable : redonner au burger droit au chapitre pour s’exprimer en toute liberté et avec une créativité qui donne envie de le (re)découvrir.
Thomas et Quentin vous embarquent « là où aucun burger n’est encore jamais allé ». Prêt pour le voyage ? Le livre vaut largement le détour, pour ses recettes, ses commentaires, ses photos. Pour une burger thérapie joyeuse et libérée !
Happy burger à tous !