Elevage, animation et attractivité des territoires

Bien qu’elle subisse une crise économique, sociale et identitaire, l’agriculture reste une activité essentielle des espaces ruraux au sein desquels elle œuvre au maintien d’une vitalité et d’une identité locale. L’élevage en tant qu’élément de la culture traditionnelle, est au cœur d’un grand nombre d’événements culturels (fêtes de la transhumance ou des bœufs gras, foires, concours), d’expositions (écomusées ou scéno-parcs) mais aussi d’activités agrotouristiques (table d’hôte, ferme auberge). Cette « mise en patrimoine » de l’élevage lui confère une place « revisitée » comme outil de promotion et d’attractivité des espaces ruraux ou périurbains.

Les campagnes attirent les vacanciers

Le processus de patrimonialisation de tout ce qui appartient au monde rural, montre de façon évidente les désirs des citadins attirés par les valeurs esthétiques et récréatives des campagnes, mais aussi ceux des ruraux qui souhaitent faire reconnaître leur identité. Les espaces ruraux sont ainsi devenus les nouvelles terres d’accueil des Français puisqu’un tiers d’entre eux choisissent d’y passer leurs vacances. Ils constituent la première destination touristique en termes de séjours et la deuxième en termes de nuitées. Malgré les nouveaux comportements des vacanciers (courts séjours, recherche de proximité, activités de loisirs et des sports de pleine nature), le tourisme rural se maintient. Il contribue au développement économique et social avec le partage d’une identité locale et d’un sentiment d’appartenance, à partir desquels les acteurs locaux se mobilisent et créent des dynamiques de projets. Le patrimoine associé à l’élevage génère incontestablement des activités et s’inscrit dans un projet de développement en œuvrant à la création d’un environnement culturel actif et d’une nouvelle attractivité territoriale. 

Terres d’élevages, terres festives

Au début des années 2000, une vingtaine de « fêtes » consacrées à l’activité pastorale avaient été recensées (Aubrac, Die, Aigoual, etc.) en France. Depuis cette date, le mouvement s’est amplifié au-delà des activités de transhumance, avec par exemple la fête de la chèvre dans le massif du Mézenc, initiée par des éleveurs passionnés souhaitant valoriser un patrimoine et des traditions, le scéno-parc consacré à la race Limousine à côté de Limoges, le Festivache du centre de la Thiérache (ouest des Ardennes) organisant des rencontres cinématographiques autour du monde rural. Ces festivités semblent répondre aux différentes attentes du public (« retour aux sources », besoins d’échanges avec les producteurs, liens à la nature et à l’animal, interrogation sur l’alimentation, etc.). On compte également une centaine de musées ou de centres d’interprétation qui valorisent les activités d’élevage.

La vitalité rurale : un objectif partagé

Les manifestations et initiatives de promotion liées à l’élevage se répartissent de manière hétérogène sur le territoire national. Au-delà des attributs du territoire et des types d’agriculture, les différences de dynamiques s’expliquent aussi par les acteurs locaux présents sur le territoire et plus particulièrement par leur motivation à œuvrer collectivement. Chacun cherche et trouve dans la participation à ces démarches festives ou promotionnelles, des intérêts complémentaires ; les éleveurs par exemple visent à faire reconnaître leur profession par le grand public tandis que les résidents permanents ou temporaires cherchent à s’intégrer et se faire une place dans la société locale. Parallèlement, la diversification des fermes vers ces nouvelles activités s’est aussi développée et on dénombre en France en 2010, 11 000 élevages d’herbivores offrant des prestations agritouristiques (hébergement, restauration, loisirs, visites pédagogiques,) soit 60 % des exploitations agricoles le pratiquant.

^{Note : Les illustrations, cartes et textes sont issus de L'Atlas de l'élevage herbivore en France aux Éditions Autrement. Ces éléments ne peuvent être utilisés pour un usage autre que personnel.}