Annelies est éleveuse avec son mari et ses fils dans le Cher en région Centre. Elle possède un troupeau de salers en polyculture-élevage et réalise aussi une activité de naisseur engraisseur.
On dit souvent que l’élevage contribue au changement climatique ; pourquoi ?
Annelies : Nous avons appris que nos vaches émettaient du méthane lors de leur rumination, c’est-à-dire, lors de leur digestion. Il y aussi des gaz à effet de serre liés au stockage et à l’épandage des fumiers ou des engrais achetés, ceux liés à la production des aliments pour le troupeau que ce soit sur la ferme ou à l’extérieur.
Pouvez-vous à votre niveau agir pour réduire les émissions de GES ?
Annelies : D’abord, nous avons beaucoup de prairies qui représentent 50% de la surface de notre exploitation. Ces prairies stockent du carbone et contribuent à la lutte contre le changement climatique, on appelle ça des puits de carbone.
Sur nos sols cultivés, nous essayons de travailler le sol en surface et de labourer un minimum pour éviter que le carbone stocké dans le sol ne soit émis.
Autre exemple, pour engraisser les animaux, nous utilisons des tourteaux1 de colza que nous achetons à notre voisin, au lieu d’acheter des tourteaux de soja qui viennent du Brésil et sont issus de la déforestation. En limitant les transports et en achetant localement, nous réduisons les gaz à effet de serre. Nous produisons, nous aussi des protéines végétales, sur notre ferme, pour être autonome. Par exemple, nous produisons des pois que l’on cultive en même temps que l’orge et l’avoine. Cette association a deux atouts. D’une part, comme le pois est une légumineuse, il a la capacité de capter naturellement l’azote de l’air et de fertiliser le sol donc cela bénéficie aux céréales associées. D’autre part, nous récoltons en même temps ce pois qui apporte des protéines et l’orge ou l’avoine qui apportent de l’énergie. Cela constitue une ration équilibrée pour nos animaux. Tout cela évite l’achat, le transport et la fabrication d’aliments ou d’engrais chimique et donc économise des émissions de gaz à effet de serre.
Comment vous adaptez-vous au changement climatique ?
Annelies : Sur mon exploitation, nous sentons déjà des périodes plus sèches l’été et des périodes hivernales plus humides que la normale. Nous pourrions stocker cette eau abondante l’hiver pour pouvoir irriguer nos cultures l’été et sécuriser l’alimentation de nos animaux.
1 Tourteaux : partie résiduelle des graines oléagineuse après avoir extrait l’huile. Parce qu’ils sont riches en protéines, ces tourteaux de colza, tournesol ou soja sont valorisés en alimentation animale.