Quels secteurs sont à l’origine des gaz à effet de serre ? Comment les diminuer ? Pour répondre aux questions soulevées par la Cop 21, il est intéressant de s’arrêter sur la particularité de l’élevage bovin : c’est le seul secteur économique capable de compenser une partie de ses émissions, grâce au stockage du CO2 dans les sols des prairies et les haies entretenues par les éleveurs.
Prairies et haies entretenues par les éleveurs.
Les sols représentent le puits de carbone terrestre le plus important après les océans. En climat tempéré, le stock de carbone sous un hectare de prairie est de 65 tonnes, contre 40 tonnes sous une culture annuelle et 70 tonnes sous un sol de forêt. La prairie stocke en plus 760 Kg de carbone par hectare et par an. C’est pourquoi les prairies d’élevage jouent un rôle clé dans la lutte contre l’effet de serre: lorsqu’il est retenu grâce à l’activité d’élevage, le carbone n’est pas diffusé dans l’atmosphère et n’agit pas sur le réchauffement climatique.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui régit les inventaires nationaux d’émissions et d’absorptions des gaz à effet de serre, a ainsi explicitement identifié les changements d’affectation des sols et de pratiques agricoles comme des sources de stockage et de déstockage de carbone, à l’exemple du labour ou de la fertilisation des sols. L’amélioration de la gestion des prairies est bien l’une des voies les plus prometteuses pour réduire les émissions.
Un tiers des émissions de carbone compensé
Avec 13 millions d’hectares de prairies permanentes, temporaires et de parcours herbagers en France, l’activité d’élevage de bovins et d’ovins, en grande partie effectuée à l’herbe, compense donc une bonne partie de ses émissions. En moyenne, on estime la compensation potentielle des émissions de carbone par l’activité d’élevage de ruminants à environ un tiers, avec des variations en fonction de la part d’herbe dans l’alimentation des animaux et des types de prairies utilisées.
Selon les scientifiques, le stockage du carbone par les exploitations bovines et ovines peut encore être amélioré avec l’adaptation de certaines pratiques d’élevage. C’est dans cette perspective que vient s’inscrire le plan d’action BEEF Carbon de la filière bovine française. Il prévoit la réduction l’empreinte carbone de la viande de 15 % d’ici à dix ans, par l’action de plusieurs leviers : l’amélioration de l’autonomie alimentaire des troupeaux (notamment protéique), l’implantation et le maintien de prairies permanentes, la création de haies, la rotation des cultures, la fauche régulière, etc.
Création de haies et maintien de prairies permanentes.
Selon la Food and Agriculture Organization (FAO)1, une meilleure gestion des pâturages pourrait permettre de séquestrer au niveau mondial environ 409 millions de tonnes de CO2 de carbone chaque année, ce qui correspond à l’équivalent de la totalité des émissions annuelles de la France.
(1) Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture